Hind Hassani Idrissi, Wiam Hmimech, Nada El Khorb, Hafid Akoudad, Rachida Habbal et Sellama Nadifi
Contexte : Les antiplaquettaires sont recommandés comme l'un des principaux médicaments utilisés chez les patients atteints de syndrome coronarien aigu (SCA). Cependant, une variabilité interindividuelle de la réponse plaquettaire au clopidogrel a été constatée chez un groupe substantiel d'entre eux. La génétique est connue pour être le facteur d'influence dominant des variations individuelles et interethniques dans les réponses aux médicaments. Des polymorphismes dans les gènes impliqués dans l'absorption du clopidogrel, la biotransformation en métabolite actif ou la réponse plaquettaire à l'adénosine diphosphate (ADP) ont été associés à cette réponse altérée. Il est intéressant de noter que le polymorphisme du gène de résistance multidrogue-1 (MDR-1) influence la biodisponibilité orale du clopidogrel et le pronostic des patients atteints de SCA. Les objectifs de notre étude sont, premièrement, de déterminer la fréquence du polymorphisme C3435T MDR1 chez les patients marocains atteints de SCA par rapport aux sujets sains ; et deuxièmement, d'évaluer son effet sur la réponse au clopidogrel dans un échantillon de patients marocains atteints de SCA.
Méthodes et résultats : 40 patients atteints de SCA ont été recrutés et comparés à 99 témoins sains. Les échantillons d'ADN extraits ont été génotypés par la méthode PCR-RFLP en utilisant l'enzyme de restriction MboI. Le test VerifyNow a été utilisé pour évaluer la fonction plaquettaire chez les patients atteints de SCA. Nos résultats ont montré que l'HTA, le tabagisme, la créatinine et le sexe étaient statistiquement associés à la résistance au clopidogrel (P = 0,05 ; P = 0,05 ; P = 0,05 et P = 0,04 respectivement). 63,64 % des patients ST (+) étaient porteurs de l'allèle mutant, 54,5 % d'entre eux ayant le génotype hétérozygote et 36,4 % le génotype homozygote mutant, contre 9,1 % ayant le génotype sauvage homozygote. 62,5 % du groupe résistant était porteur de l'allèle mutant (50 % d'entre eux avaient le génotype mutant TT, 25 % les profils CT et 25 % CC). Parmi les cas, 42,5 % étaient des mutants homozygotes TT, 35 % CC et 22,5 % CT, contre 39,4 % CC, 51,5 % CT et 9,1 % TT chez les témoins sains. Ce polymorphisme était positivement corrélé au risque de développement d'un SCA dans le génotype CT et au modèle de transmission additive (OR [IC à 95 %] = 0,49 [0,16-0,99], P = 0,002 ; OR [IC à 95 %] = 2,17 [0,94-2,72], P = 0,02), augmentant ainsi l'association de ce polymorphisme avec le risque de survenue de la pathologie.
Conclusion :À notre connaissance, notre étude est la première au Maroc à évaluer l'effet du polymorphisme MDR1 C3435T sur la réponse au clopidogrel dans un échantillon de patients marocains atteints de SCA ; nous avons également essayé d'explorer la fréquence de ce polymorphisme chez les patients marocains atteints de SCA et de les comparer à des individus sains. La distribution de l'allèle mutant dans les groupes de résistance au clopidogrel, parmi les sous-types de SCA, ainsi que dans les cas comparés aux témoins et leurs corrélations, suggèrent une association potentielle de cette variante avec la résistance au clopidogrel et le risque d'apparition de SCA dans notre population. La compréhension des conséquences fonctionnelles et cliniques de cette variante MDR1 et d'autres pourrait fournir une base pour traiter les patients plus efficacement. Si cette variabilité de la réponse pouvait être attribuée à une mutation du gène MDR1, les patients pourraient être dépistés et des ajustements de dose appropriés pourraient être effectués en fonction de leur génotype MDR1.