Mulugeta Russom*, Araia Berhane, Merhawi Debesai, Hagos Andom, Dawit Tesfai, Zenawi Zeremariam, Selamawit Gebrehiwet, Nighisty Tesfamichael, Saleh Mohammed Said, Hagos Ahmed
Arrière-plan
Le traitement préventif à l'isoniazide (TPI) est une intervention recommandée par l'OMS pour la prophylaxie de la tuberculose (TB) chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et considérée comme généralement sûre avec un faible risque d'hépatotoxicité. Depuis son introduction en Érythrée en 2014, des cas d'hépatotoxicité et de décès liés au TPI ont été fréquemment signalés au Centre érythréen de pharmacovigilance. L'objectif de cette étude est donc de quantifier le risque d'hépatotoxicité, d'évaluer l'efficacité d'une surveillance étroite en laboratoire, d'évaluer la relation de cause à effet entre le TPI et l'hépatotoxicité, d'identifier les facteurs de risque possibles et d'évaluer la possibilité de prévention de l'hépatotoxicité induite par l'isoniazide chez les PVVIH.
Méthodes
Il s'agissait d'une étude de cohorte observationnelle de PVVIH sous TPI recrutées dans trois cliniques de thérapie antirétrovirale (TAR) à Asmara, en Érythrée, entre août 2016 et février 2017. La causalité et l'évitabilité des cas ont été évaluées à l'aide de l'échelle de probabilité de Naranjo et de la méthode P respectivement.
Résultats
Parmi les 360 patients éligibles, 56 ont été identifiés comme présentant une hépatotoxicité avec un taux d'incidence de cas pour 1000 mois-personnes et un délai médian d'apparition de la réaction de 34 jours. Environ 41 % des cas ont développé une hépatotoxicité sévère ou très sévère après le début du TPI. L'INH a été arrêté dans 78,6 % des cas et la réaction s'est atténuée dans 84,1 % (37/44) après l'arrêt de l'INH. En outre, l'ART a été interrompu dans 42,5 % des cas en raison d'une hépatotoxicité. Dans la majorité des cas (87,5 %), la relation causale s'est avérée « probable » et dans 82,1 % des cas, l'hépatotoxicité n'était pas évitable.
Conclusion
Le taux d'incidence de l'hépatotoxicité liée à l'INH est très élevé avec un court délai d'apparition de la réaction et l'apparition d'une hépatotoxicité sévère/très sévère était inévitable chez un nombre important de patients ; ce qui rend le plan de minimisation des risques et le déploiement de l'IPT difficiles.