Michael Armahizer, Sandra L. Kane-Gill, Pamela L. Smithburger, Ananth M. Anthes et Amy L. Seybert
Objectif : Les logiciels commerciaux d'aide à la décision clinique (CDSS) peuvent surestimer la gravité des interactions médicamenteuses (IDM) en raison de leur large application ; alors que les cliniciens ayant une connaissance du patient devraient être en mesure de mieux évaluer la gravité des IDM. L'objectif de ce projet était de comparer la gravité des IDM pour l'opinion du clinicien dans le contexte de l'état clinique du patient à la gravité des bases de données propriétaires.
Méthodes : Il s'agissait d'une évaluation prospective monocentrique des DDI dans un grand centre médical universitaire de soins tertiaires entre le 11 octobre 2010 et le 5 novembre 2010 dans une unité de soins intensifs cardiaques (USC) de 10 lits. Un pharmacien a identifié les DDI à l'aide de deux bases de données exclusives. Les médecins (médecins associés et médecins traitants) et les pharmaciens (de tournée et de distribution) qui s'occupaient des patients ont évalué la gravité des DDI tout en intégrant leurs connaissances cliniques du patient. La gravité a été classée sur une échelle allant de A à D et X.
Résultats : Au total, 61 patients ont été inclus dans l'évaluation et ont présenté 769 DDI. Les DDI les plus fréquents étaient : aspirine/clopidogrel (n = 21, 2,7 %), aspirine/insuline (n = 21, 2,7 %) et aspirine /furosémide (n = 19, 2,5 %). Les pharmaciens ont classé les DDI de manière identique dans 73,8 % des cas, contre 42,2 % des cas pour les médecins. Les pharmaciens étaient d'accord avec les scores les plus sévères de la base de données exclusive pour 14,8 % des DDI, contre 7,3 % pour les médecins. Parmi les cinq DDI contre-indiqués, deux ont été classés dans la catégorie B (gravité mineure/aucune mesure nécessaire) et trois dans la catégorie C (gravité modérée/surveillance du traitement) par la majorité des évaluateurs. Dans l’ensemble, les cliniciens étaient d’accord avec la base de données propriétaire dans 20,6 % des cas, tandis que les cliniciens ont classé les DDI plus bas que la base de données dans 77,3 % des cas.
Conclusions : Les bases de données DDI propriétaires classent généralement les DDI avec un indice de gravité plus élevé que celui des cliniciens qui soignent les patients. Le développement d'une base de connaissances DDI pour CDSS nécessite une attention particulière à la source des informations sur la gravité et doit inclure la contribution des cliniciens afin de créer des alertes cliniquement significatives.