Christelle Leung, Pierre Magnan et Bernard Angers
Afin d'assurer la pérennité des espèces face aux pressions anthropiques, la compréhension des dynamiques et des mécanismes qui structurent les populations est d'une importance majeure. Déterminer la présence de populations distinctes est une première étape lorsque des populations sympatriques sont suspectées. La perchaude ( Perca flavescens ) est exploitée par la pêche sportive et commerciale dans le lac Saint-Pierre (Québec, Canada). Puisque les caractéristiques de l'habitat sont spatialement structurées et que cette espèce est connue pour afficher une fidélité au site natal, l'objectif de cette étude était d'évaluer si des populations sympatriques de perchaude cohabitent dans le lac Saint-Pierre. Une faible différenciation génétique est prédite en raison de la colonisation récente du système (< 8 000 ans). Des simulations ont d'abord été réalisées pour confirmer que la différenciation des populations est mieux représentée par l'AFLP que par les marqueurs microsatellites. Un relevé de la variation à travers l'ensemble du génome a ensuite été réalisé en utilisant l'approche AFLP. Pour relier les individus à leur site natal, des larves récemment émergées de différentes cohortes capturées à différentes stations ont été analysées. Les résultats de trois inventaires AFLP distincts ont indiqué une corrélation entre la composition génétique des individus et les sites géographiques. Ces résultats confirment la présence de multiples populations sympatriques dans le lac Saint-Pierre, résultant de la fidélité au site natal. Bien que la différenciation génétique soit très faible, la gestion de cette espèce devrait tenir compte de l'existence de structures de population distinctes.