Mike Adcock et Deryck Beyleveld
Cet article présente une position « conceptuelle et théorique » sur la relation entre le droit et la morale dans tout système juridique qui inclut le respect des droits de l'homme comme principe fondamental de la validité juridique de ses règles. Avec le droit de l'Union européenne (droit de l'UE) comme point central, cette position conceptuelle et théorique est fondée sur l'adoption par l'UE de principes fondamentaux, qui incluent les droits de l'homme. Par conséquent, compte tenu de la situation actuelle des droits de l'homme au sein de l'UE, la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) et, en fait, tout droit de l'UE, donc tout droit de la propriété intellectuelle de l'UE (droit de la PI), doivent être cohérents avec ce qui découle logiquement et conceptuellement du concept de droit de l'homme donné par la DUDH. L'article présentera d'abord le cadre conceptuel et théorique en référence au droit des brevets de l'UE, en faisant valoir que certaines exigences doivent être intégrées dans le droit des brevets de l'UE même lorsqu'elles ne sont pas expressément énoncées. En outre, en référence à l'article 6 de la directive 1998/44/CE, nous soutenons que cette disposition doit être interprétée au sens large pour donner plein effet aux droits de l'homme et à la dignité humaine. La deuxième partie de l’article examine la décision de la CJUE dans l’affaire Brüstle c. Greenpeace (affaire C-34/10 2011) du point de vue de la théorie conceptuelle. Nous soutenons que le raisonnement de la CJUE est globalement solide quant aux exigences de la directive et que la CJUE n’avait d’autre choix que de rendre les décisions qu’elle a prises. La troisième partie de l’article examine plusieurs objections soulevées par des scientifiques et des juristes concernant la décision de la CJUE dans l’affaire Brüstle du point de vue de la théorie conceptuelle. Nous concluons que la CJUE n’a pas mal interprété la loi. Enfin, nous concluons que la loi régissant l’octroi de brevets doit être lue conformément au concept des droits de l’homme et de la dignité humaine.