Beddek Fatima et Abbassia Demmouche
Introduction : L'anémie est l'un des troubles les plus fréquents de la grossesse. La cause la plus fréquente est la carence en fer. L'anémie ferriprive est relativement facile à diagnostiquer à l'aide d'une ferritine sérique < 15 ng/ml. Cependant, la ferritine étant un réactif de phase aiguë, le diagnostic d'anémie ferriprive chez les patients hospitalisés ou malades peut être difficile, car la ferritine sérique peut être normale ou élevée, même en cas de carence en fer. Le dosage du récepteur soluble de la transferrine (sT-fR) peut être utile dans ces situations car il reflète le degré de besoin en fer par rapport à l'apport, et il ne s'agit pas d'un réactif de phase aiguë.
Objectif : Les objectifs de notre étude sont d’affirmer l’intérêt et la spécificité du sT-fR et de l’intégrer dans la liste des paramètres de routine du statut en fer dans le diagnostic différentiel de l’anémie dans nos laboratoires en Algérie.
Patients et Méthode : Notre étude a porté sur 130 patients répartis en trois groupes : groupe témoin avec 40 adultes sains (22 hommes et 18 femmes). Groupe 2, avec 30 patients (11 hommes et 19 femmes) hospitalisés au service d’hématologie du CHU « Abdelkader Hassani » de Sidi Bel Abbès, qui représente le groupe des sujets atteints d’anémie purement ferriprive sans maladie associée (IDA) ayant des taux de protéine C réactive (CRP < 10 mg/L), et le troisième groupe avec 60 patients anémiques atteints d’anémie de maladie chronique (ACD) (36 hommes et 24 femmes) hospitalisés au service de Médecine Interne du CHU de Sidi Bel Abbès. Chaque patient a subi une numération formule sanguine, un bilan martial, les dosages de sT-fR et de la balance inflammatoire (CRP). Tous ces examens ont été réalisés immédiatement sur plasma et sérum frais ; les dosages ont été réalisés par méthode immunoturbidimétrique. Les analyses statistiques des données (moyenne et écart type, coefficients de corrélation, tests de normalité et comparaison des moyennes) ont été réalisées à l'aide du logiciel Statview (1998). Une valeur de p (P<0,05) a été considérée comme statistiquement significative, toutes les valeurs de p sont calculées par la fonction t-test en utilisant une distribution bilatérale.
Résultats : Le groupe témoin (sujets sains) a un statut en fer normal. Tous les paramètres avec des niveaux dans les limites normales dans les deux sexes pour 100% des sujets. Le résultat du deuxième groupe est en parfait accord avec l'IDA pour tous ses paramètres, il a un statut en fer très perturbé représentatif de cette anémie : anémie (Hb < 120 g/L) ; microcytose (VGM < 80 fl) ; pool circulant (fer sérique diminué, transferrinémie élevée) ; réserves épuisées (ferritine < 30 μg/L) et besoins érythropoïétiques en fer élevés (sT-fR élevé). Dans le troisième groupe il est difficile d'interpréter les taux de ferritine (très élevés), c'est en contradiction avec les autres paramètres, ce qui nous amène à discuter l'homogénéité de ce groupe. Étant donné qu'il existe un effet du sexe sur les paramètres clés de notre étude (hémoglobine, ferritine et sT-fR sont hétérogènes chez les deux sexes (P<0,001), les résultats ont été analysés séparément entre les hommes et les femmes. Des analyses des résultats ont été effectuées pour discuter de la sensibilité du sT-fR sur le statut en fer et de la contribution informative de chaque paramètre au diagnostic spécifique de l'anémie.
Conclusion : Cette étude nous a permis de recommander l'utilisation du dosage sT-fR, car il est très prometteur pour l'exploration de l'érythropoïèse et le diagnostic différentiel de l'anémie chez l'adulte, avec une plage normale de : 2,65 à 4,39 mg/L chez les hommes et les femmes ménopausées et 2,03 à 3,69 mg/L chez les femmes préménopausées, dans l'espoir d'établir une plage internationale de valeurs de référence.