Russom M, Berhe A et Hagos L
Arrière-plan
L’alopécie n’est pas un effet indésirable bien connu des médicaments antituberculeux de deuxième intention. Elle est cependant fréquemment signalée en Érythrée et 83 % des signalements d’alopécie associée aux médicaments antituberculeux de deuxième intention dans la base de données mondiale sur les effets indésirables des médicaments, au 25 juillet 2017, provenaient d’Érythrée. On se demande pourquoi une telle variation se produit et cette étude vise donc à quantifier le risque, à identifier les facteurs de risque possibles et à élucider le lien de cause à effet entre l’alopécie et les médicaments antituberculeux de deuxième intention en Érythrée.
Méthodes
Il s'agissait d'une étude de cohorte rétrospective qui incluait tous les patients atteints de tuberculose multirésistante (TB-MR) en Érythrée inscrits à l'hôpital de référence pour TB-MR de Merhano pour traitement entre juin 2011 et décembre 2016.
Résultats
Au total, 152 patients atteints de TB-MR éligibles sous traitement ont été identifiés avec une durée d'observation médiane de 23 mois. Les données longitudinales historiques de ces patients ont été examinées et ont permis de trouver 35 cas d'alopécie, éventuellement associés au traitement de la TB-MR, avec un taux d'incidence d'environ 13 cas pour 1000 mois-personnes. La majorité des cas (68,6 %) ont développé une alopécie après 18 mois d'exposition au traitement de la TB-MR. Les patients exposés au traitement pendant une période plus longue (> 23 mois) étaient plus susceptibles de développer une alopécie par rapport à ceux exposés pendant une période plus courte (p = 0,001). Les patients de moins de 45 ans ont signalé des taux d'alopécie plus élevés par rapport aux groupes d'âge plus âgés (OR ajusté = 9,4 ; IC à 95 % : 2,41-36,86, p = 0,001). Les femmes étaient également plus susceptibles de développer une alopécie par rapport aux hommes (OR ajusté = 3 ; IC à 95 % : 1,24 - 7,34, p = 0,015).
Conclusion
L’alopécie associée au traitement de la tuberculose multirésistante est fréquente, mais son apparition tardive pourrait être une raison pour laquelle plusieurs études similaires menées ailleurs n’ont pas été prises en compte. Même si l’alopécie ne met pas la vie en danger et ne provoque pas de douleur physique, les effets esthétiques de la perte de cheveux peuvent être psychologiquement dévastateurs.