Frances M Sahebzamani, Cindy L Munro, Oscar C Marroquin, David M Diamond, Erin Keller et Kevin E Kip
Contexte : L'ACC/AHA a publié de nouvelles directives en décembre 2013 pour le traitement de l'hypercholestérolémie afin de simplifier l'identification et le traitement des patients les plus susceptibles de bénéficier des statines. Ces directives pourraient entraîner une augmentation du nombre de patients recevant un traitement par statine, et ce à un plus jeune âge. En 2012, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a rendu obligatoire la publication d'avertissements pour tous les médicaments à base de statine concernant d'éventuels effets indésirables sur les performances cognitives. Les statines peuvent être classées comme ayant des propriétés de solubilité lipophile ou hydrophile plus importantes, les statines lipophiles traversant plus facilement la barrière hémato-encéphalique et pouvant éventuellement induire différemment des effets cognitifs néfastes.
Objectif : Nous avons cherché à analyser la généralisabilité de l'avertissement de la FDA concernant la classe de statines.
Méthodes : Les données anonymisées accessibles au public ont été analysées à partir du système de déclaration des événements indésirables de la FDA (AERS) en relation avec les signalements de dysfonctionnement cognitif (résultat principal), et par type de statine (lipophile, hydrophile) par rapport aux médicaments « témoins » utilisés dans la population générale.
Résultats : Des taux de déclaration proportionnelle (PRR) significativement plus élevés ont été observés pour les statines lipophiles, qui traversent plus facilement la barrière hémato-encéphalique (plage : 1,47-3,51) par rapport aux statines hydrophiles (plage : 0,69-1,64). Cependant, la fluvastatine, la lovastatine et la pitavastatine (lipophile) ont eu relativement peu de rapports d'effets indésirables. Le signal d'un risque plus élevé de dysfonctionnement cognitif a été observé pour la statine lipophile atorvastatine (PRR = 2,59, intervalle de confiance à 95 % : 2,44-2,75) suivie de la simvastatine (PRR = 2,22, intervalle de confiance à 95 % : 2,04-2,31). Les statines hydrophiles (rosuvastatine, pravastatine) n'ont montré pratiquement aucune preuve suggérant un risque accru de dysfonctionnement cognitif. La fluvastatine, la lovastatine et la pitavastatine ont eu relativement peu de rapports d'effets indésirables et aucune preuve d'une proportion plus élevée de rapports de dysfonctionnement cognitif par rapport aux médicaments témoins dans l'ensemble (fourchette de PRR : 0,22 à 1,48).
Conclusions : Contrairement à l'avertissement de classe de la FDA, les statines hautement lipophiles avec des propriétés pharmacocinétiques spécifiques (atorvastatine, simvastatine) semblent conférer un risque significativement plus élevé d'effets cognitifs indésirables par rapport aux autres statines lipophiles et à celles ayant des propriétés de solubilité hydrophile.