Dufour E, Villard-Saussine S, Mellon V, Leandri R, Jouannet P, Ungeheuer MN et Rougeot C
Contexte : L'opiorphine est un peptide endogène humain régulateur de la biodisponibilité de l'enképhaline. Il inhibe les ectopeptidases inactivant l'enképhaline pour produire des effets analgésiques et antidépresseurs dans des modèles de rongeurs standard via l'activation des voies opioïdes μ et/ou δ. Notre objectif était d'établir le profil quantitatif de sécrétion et de distribution de ce régulateur chez de jeunes adultes volontaires. Méthodes : Nous avons développé une méthode spécifique basée sur l'ELISA, en tandem avec la chromatographie RP-HPLC, pour déterminer les taux d'opiorphine dans le sang, l'urine, le sperme et le lait de volontaires sains de sexe masculin et féminin. Nous avons également étudié la présence de l'opiorphine mature dans les larmes et la salive car il a été précédemment rapporté que le gène PROL1, codant pour le précurseur de l'opiorphine, est principalement exprimé dans les glandes lacrymales et salivaires humaines. Résultats : L'opiorphine circule comme messager endocrinien dans la circulation sanguine humaine à des concentrations médianes de 0,3 à 1,1 ng/ml. Sa concentration physiologique dans les conditions basales est plus élevée chez les hommes que chez les femmes alors qu'elle est significativement plus faible chez les femmes enceintes de six mois par rapport aux volontaires non enceintes. Elle est éliminée dans les urines avec un taux significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes. L'opiorphine est distribuée, à des taux 10 fois plus élevés que dans le plasma, dans le sperme des donneurs normozoospermiques et dans le lait des femmes allaitantes sous forme moléculaire libre et sous forme de liaison aux minéraux cationiques. L'opiorphine est sécrétée dans les larmes et la salive aux concentrations physiologiques les plus élevées, démontrant que les glandes salivaires et lacrymales sont les tissus d'expression et de sécrétion majeures des produits matures du gène PROL1. Discussion : Nos données, associées à des recherches dans la base de données du transcriptome humain et à nos précédentes découvertes fonctionnelles, apportent la preuve que l'opiorphine exerce des fonctions spécifiques à l'organe et au sexe dans les systèmes physiologiques humains par le biais de mécanismes neuroendocriniens, paracrines/autocrines et/ou exocrines.