Ramiro Quintanilla-Licea
L'amibiase causée par Entamoeba histolytica est associée à une morbidité et une mortalité élevées et est devenue un problème de santé publique majeur dans le monde entier (Carrero et al., Int. J. Med. Micobiol. 2019, 309, 1-15). E. histolytica ne nécessite pas de vecteur pour sa transmission et déclenche l'infection sous une forme résistante aux kystes, généralement par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés (McElhatton et Marshall, Food safety: a practical and case study approach, 2007, Springer, New York). Les produits naturels se sont révélés être une source importante de composés antiparasitaires qui pourraient être utilisés comme additifs alimentaires pour la prévention des maladies d'origine alimentaire.
Nous avons récemment rapporté l'activité antiamibienne in vitro de l'extrait méthanolique de Lippia graveolens Kunth et l'isolement bioguidé du carvacrol en tant que composé bioactif avec une activité antiprotozoaire (Quintanilla-Licea et al., Molecules, 2014, 19, 21044-21065). Dans cette étude, nous décrivons l'isolement et l'élucidation de la structure d'autres composés antiamibiens présents dans cette plante.
Le traitement suivant du résidu de méthanol par partage avec de l'acétate d'éthyle suivi d'une chromatographie de l'EtOAc sur une colonne de gel de silice a permis d'obtenir les flavonoïdes connus pinocembrine (1), sakuranetine (2), cirsimaritine (3) et naringénine (4). L'identification des composés isolés était basée sur des analyses spectroscopiques/spectrométriques (IR, 1H- et 13C-RMN ; MS) et une comparaison avec les données de la littérature. Ces composés ont été testés pour leur activité antiprotozoaire contre les trophozoïtes d'Entamoeba histolytica à l'aide de tests in vitro. La concentration inhibitrice à 50 % (CI50) de ces composés a été déterminée à l'aide d'une analyse Probit avec un niveau de confiance de 95 %.
Les flavonoïdes isolés de L. graveolens ont montré une inhibition de croissance de plus de 90 % contre E. histolytica à une concentration de 150 µg/mL. Français Les IC50 observées contre E. histolytica sont : 29,51 µg/mL pour la Pinocembrine (1), 44,47 µg/mL pour la Sakuranétine (2), 150,01 µg/mL pour la Cirsimaritine (3) et 28,85 µg/mL pour la Naringénine (4).
Les résultats de cette recherche suggèrent qu'il est possible d'utiliser des extraits de Lippia graveolens Kunth ainsi que les composés isolés comme additifs alimentaires possibles pour la conservation des aliments, capables d'augmenter la sécurité, la durée de vie commerciale et la qualité de ceux-ci.